Article original
Résultats fonctionnels et qualité de vie après double promontofixation cœlioscopique pour la cure du prolapsus génitalFunctional results and quality of life of laparoscopic promontofixation in the cure of genital prolapse

https://doi.org/10.1016/j.gyobfe.2010.06.001Get rights and content

Résumé

Objectifs

Évaluer la faisabilité et la morbidité de la double promontofixation cœlioscopique pour la cure du prolapsus génital.

Patientes et méthode

Cent une patientes présentant un prolapsus génital de grade supérieur ou égal à 2 (POPQ classification) opérées par cœlioscopie entre 2001 et 2009. Les complications per-, postopératoires et la satisfaction des patientes ont été évaluées. La qualité de vie a été estimée à l’aide des versions françaises des questionnaires Pelvic Floor Distress Inventory (PFDI 20), Pelvic Floor Impact Questionnaire (PISQ 7) et Pelvic Organ Prolaps/Urinary Incontinence Sexual Questionnaire (PISQ 12).

Résultats

La durée opératoire moyenne était de 196 mn (en incluant 83 % d’hystérectomies). Le taux de complications peropératoires était de 7 % dont deux plaies vésicales, une plaie rectale et 4 % de laparoconversions. Le taux de complication postopératoire était de 16 % dont les trois-quarts correspondaient à des rétentions d’urine. Deux hématomes pelviens ont été observés. Le taux de complication à distance était de 3 % (une exposition de prothèse, une spondylodiscite et des douleurs pelviennes persistantes nécessitant une ablation de matériel). Avec un suivi moyen de 30,7 mois, 81 % des patientes se déclaraient satisfaites de l’intervention. En intention de traitement, le taux de satisfaction n’était que de 67,3 %. Une amélioration de la qualité de vie a été observée en utilisant les questionnaires PFDI 20 (p < 0,0001), PFIQ 7 (p < 0,0001) et PISQ 12 (p < 0,001).

Discussion et conclusion

Nos résultats confirment la faisabilité et l’amélioration de la qualité de vie après double promontofixation cœlioscopique mais soulignent également l’existence d’une morbidité non négligeable.

Abstract

Objective

To evaluate the feasibility and morbidity of laparoscopic promontofixation in the cure of genital prolapse.

Patients and method

From March 2001 to January 2009, 101 patients with genital prolapse of grade greater than or equal to 2 (POPQ classification) were operated by laparoscopy. Complications per and postoperative as well as patient satisfaction were assessed. Quality of life was evaluated using the questionnaires Pelvic Floor Distress Inventory (PFDI 20), Pelvic Floor Impact Questionnaire (PISQ 7) and Pelvic Organ Prolaps/Urinary Incontinence Sexual Questionnaire (PISQ 12).

Results

The mean operative time was 196 min including the time for hysterectomy done in 83% of cases. The peroperative complication rate was 7% including two bladder and one rectal injuries and 4% of laparoconversion. The postoperative complication rate was 16% corresponding to 3/4 of retention of urine. Two pelvic hematomas were observed. The distance complication rate was 3% corresponding to a vaginal erosion, a spondylodiscitis and a case of persistent pelvic pain requiring removal of material. With a mean follow-up of 30.7 months, 81% patients declared themselves satisfied with the intervention. In intention to treat, the satisfaction rate was only 67.3%. A significant improvement in quality of life was observed using the questionnaire PFDI 20 (p < 0.0001), PFIQ 7 (p < 0.0001) et PISQ 12 (p < 0.001).

Discussion and conclusion

Our results confirm the feasibility of the laparoscopic promontofixation with a quality of life improvement but also highlights the existence of significant morbidity requiring further trials for the choice of surgical approach for the treatment of genital prolapse.

Introduction

Le prolapsus génital affecte 30 % des femmes avec un pic d’incidence à 60 ans [1], [2], [3]. Il représente un problème de santé publique avec le vieillissement de la population puisqu’on estime que le risque cumulé d’être opéré pour un prolapsus génital à l’âge de 80 ans est de 11 % [4].

Pour les stades avancés du prolapsus génital, seule la chirurgie permet un traitement optimal des troubles anatomiques. Ce traitement chirurgical peut être réalisé par différentes voies d’abord : vaginale, laparotomie, ou cœlioscopie [5], [6], [7]. La voie vaginale présente l’avantage d’une morbidité plus faible que la voie laparotomique [8]. Cependant, les résultats de la cure de prolapsus par voie vaginale n’utilisant pas de matériel prothétique ou des matériaux résorbables sont défavorables du fait d’un taux élevé de récidive [5], [8]. Ceci explique le développement de techniques chirurgicales par voie vaginale utilisant des prothèses synthétiques montrant une amélioration des résultats anatomiques à moyen terme mais au prix d’un taux important d’érosion et d’exposition du matériel prothétique remettant en cause leur utilisation [9], [10], [11], [12].

La promontofixation par laparotomie utilisant des bandelettes synthétiques non résorbables est restée pendant des décennies la technique de référence avec un taux de succès à dix ans évalué à 85 % [13]. Ces résultats sont obtenus au prix d’une laparotomie qui associe une morbidité non négligeable surtout chez les patientes âgées ou présentant des facteurs de comorbidité. La promontofixation par cœlioscopie est une alternative à la laparotomie en diminuant la morbidité postopératoire mais reste de réalisation difficile expliquant une durée opératoire plus longue avec un risque accru de complications notamment chez les patientes âgées [7]. De plus, il n’existe pas de consensus sur la technique opératoire cœlioscopique quant aux sites de fixation des bandelettes (sur les releveurs de l’anus ou sur le massif cervical) conduisant à une multitude de variantes chirurgicales rendant difficile la comparaison des résultats fonctionnels. Outre les résultats anatomiques, l’évaluation de la qualité de vie est un critère majeur de jugement d’une technique chirurgicale. Peu d’études ont évalué la qualité de vie après chirurgie du prolapsus génital et la majorité d’entre elles concernait la chirurgie par voie vaginale [14], [15], [16], [17], [18], [19].

De ce fait, l’objectif de cette étude rétrospective est d’évaluer les complications per- et postopératoire, les résultats fonctionnels et la qualité de vie après la cure de prolapsus génital par double promontofixation cœlioscopique.

Section snippets

Patientes et méthode

De mars 2001 à janvier 2009, nous avons évalué rétrospectivement les patientes opérées par double promontofixation cœlioscopique d’un prolapsus génital dans le service de gynécologie de l’hôpital Tenon. Seules les patientes présentant un prolapsus de stade supérieur ou égal à 2 sur un des étages pelviens ont été incluses. Durant cette période, 323 patientes ont été opérées d’un prolapsus génital dont 101 par double promontofixation cœlioscopique correspondant à la population de notre étude,

Caractéristiques épidémiologiques des patientes et anatomiques du prolapsus génital

Durant la période de l’étude, les 101 patientes sauf une ont eu une double promontofixation. La raison de la pose d’une seule prothèse antérieure chez cette dernière patiente n’a pas été identifiée sur le compte rendu opératoire.

Les caractéristiques épidémiologiques de la population sont résumées dans le Tableau 1. Neuf patientes avaient déjà eu une hystérectomie pour une pathologie bénigne et dix autres patientes avaient eu une cure chirurgicale d’un prolapsus génital ou d’une incontinence

Discussion

Cette étude rétrospective confirme la faisabilité de la double promontofixation cœlioscopique tout en soulignant les risques péri-opératoires et à distance de cette chirurgie fonctionnelle. Si les résultats anatomiques sont favorables, la survenue de novo de certains symptômes peut altérer la satisfaction des patientes imposant d’identifier des critères objectifs pour sélectionner les bonnes candidates pour cette chirurgie.

Bien que le prolapsus génital soit une pathologie fréquente, il est

Conclusion

En conclusion, nos résultats confirment la faisabilité de la double promontofixation cœlioscopique pour la cure du prolapsus génital mais soulignent également l’existence d’une morbidité non négligeable imposant des essais pour comparer à la fois la morbidité, les résultats fonctionnels et la qualité de vie des patientes en fonction de la voie d’abord.

Conflit d’intérêt

Les auteurs ne déclarent pas de conflit d’intérêt.

Références (35)

Cited by (21)

  • Risk of de novo posterior vaginal prolapse after anterior laparoscopic sacrocolpopexy: Evaluation at one year

    2020, Journal of Gynecology Obstetrics and Human Reproduction
    Citation Excerpt :

    Due to this, the “rate of posterior recurrences” comprising both de novo posterior vaginal prolapse as well as true recurrences varies greatly between studies to date. For Bui et al., the rate of posterior recurrences was 9.5 % in a series of 101 patients with an average follow-up of 30.7 months [25]. Sergent et al., on the other hand, reported a 1.7 % rate of posterior recurrences in a series of 116 patients with an average follow-up of 34.2 months [19].

  • Infectious complications of promontofixation, a systematic review of the literature

    2020, Medecine et Maladies Infectieuses
    Citation Excerpt :

    Eight studies reported urinary tract infections with rates ranging from 0.5% [25] to 16.8% [24]. Four articles presented 1 case of spondylodiscitis with rates ranging from 0.2% [26] to 1% [27]. Only two studies showed bacteriological results for the infections presented, Bruyere et al. [28] for urinary tract infection and Deprest et al. [29] for pelvic abscesses due to E. coli.

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