Mémoire
Survie à 16,5 ans de recul moyen de la cupule, double mobilité, non scellée de Bousquet dans l’arthroplastie totale de hanche. Série historique de 437 hanchesSurvival of the cementless Bousquet dual mobility cup: Minimum 15-year follow-up of 437 total hip arthroplasties

https://doi.org/10.1016/j.rco.2008.06.001Get rights and content

Résumé

Nous avons étudié, de façon rétrospective, une série de 437 prothèses totales de hanche, opérées entre 1984 et 1990, avec pour objectif d’analyser la longévité de la cupule impactée à double mobilité de Bousquet. Dans notre expérience, cet implant était toujours associé à une tige fémorale scellée de type Charnley. Le devenir de la prothèse a pu être connu pour 345 hanches (79 %). Nous comptons 164 hanches, prothèses en place, à 16,5 ans de recul moyen, 137 hanches chez des patients décédés sans révision chirurgicale, 44 échecs et 92 perdus de vue. Le taux de survie actuariel global était de 84,4 % (± 4,5) à 15 ans. Les échecs par descellements (DSC) aseptiques fémoraux et acétabulaires, liés au phénomène d’usure du polyéthylène, étaient les plus nombreux (n = 30). Cependant, leur taux n’était pas supérieur au taux des autres séries de la littérature. L’âge jeune à l’implantation semble influencer la survenue de cette complication. Par ailleurs, les images de granulomes, essentiellement fémoraux, observées au plus long recul, imposent une surveillance radioclinique attentive. Les échecs par luxation sont peu nombreux : deux luxations précoces liées à des erreurs techniques et trois luxations intraprothétiques tardives. Le concept de la cupule à double mobilité semble donc techniquement fiable pour prévenir l’instabilité prothétique. Les résultats de cette série permettent de conclure à un bénéfice certain sur le nombre de luxations, mais ne semblent pas apporter de bénéfice quant à l’usure. Nous réservons l’indication de cet implant acétabulaire dans l’arthroplastie totale de hanche aux patients âgés de plus de 70 ans et aux patients plus jeunes à risque luxant élevé.

Summary

Purpose of the study

The purpose of this study was to evaluate the long-term results of a retrospective series of primary arthroplasty with a cementless dual mobility socket and a cemented Charnley type femoral component.

Material and methods

This study included 437 hip replacements performed between 1984 and 1990, in 388 patients. The Bousquet's acetabular component, an original concept of cementless dual mobility socket has been used, associated with a cemented Charnley type femoral component. A clinical and radiologic analysis was done.

Results

The outcome is known for 345 hips (79%): 164 alive without revision at a mean of 16,5 years follow-up, 137 died without revision and 44 failures. Ninety-two (21%) were lost at follow-up. According to Kaplan-Meier analysis, the 5-year survival rate, was 84,4% ± 4,5 with revision for any reason (infection, dislocation, osteolysis…) for end point. Revision, for aseptic loosening of femoral or acetabular component, was performed in 30 hips (6,8%). Five dislocations occurred and were revised: two early related to technical errors and three after 10 years or more of follow-up. The young age of the patients at the time of the index surgery was correlated with higher rate of aseptic loosening.

Discussion

The prevalence of revision for dislocation is very low in our series. This concept does not avoid wear, osteolysis and aseptic loosening, especially in young active patients but the long-term stability is confirmed. We recommend this type of prosthesis for patients over 70 years and for younger patients with high risk of dislocation Q.

Introduction

La luxation est une complication fréquente des arthroplasties totales de hanche [1], [2], [3], [4], [5]. Elle est d’autant plus fréquente que le diamètre de la tête fémorale est petit [6]. La cupule à double mobilité, mise au point par Bousquet à la fin des années 1970, était novatrice dans l’arthroplastie totale de hanche. Elle avait pour objectif de lutter contre la luxation par l’association de deux articulations, l’une à grand diamètre entre une cupule métallique et un insert en polyéthylène, et l’autre à petit diamètre entre la tête fémorale et l’insert rétentif. Ce concept n’avait pas les complications de la simple rétentivité, qui sollicite la fixation à l’os par arrachement, car la grande articulation permettait un échappement lors des sollicitations luxantes.

Ces cupules ont été posées au CHU de Caen depuis 1984 et ont été réalisées dans le service de chirurgie orthopédique et traumatologique A (professeur J.H. Aubriot) entre 1984 et 1990. Après 20 ans d’expérience, nous avons souhaité étudier la survie de cet implant, dont l’école stéphanoise avait montré les bons résultats sur la stabilité à moyen terme [7], [8]. Nous rapportons les résultats d’une série de 437 hanches, opérées entre 1984 et 1990, avec analyse de la survie et des échecs.

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Matériel

Entre 1984 et 1990, 474 arthroplasties de hanche avec implantation de la cupule de Bousquet ont été réalisées. Pour cette série continue, nous avons retenu les 437 prothèses totales de hanches (PTH) de première intention, sur hanche vierge de toute chirurgie articulaire chez 388 patients (49 patients ont été opérés des deux hanches pendant la période étudiée). La série comprenait 54 % d’hommes. L’âge moyen à l’implantation était de 61 ans (25 à 87 ans) avec 25 % de la population ayant plus de

Survie

La « survie » de la prothèse a pu être connue pour 345 hanches (79 %) représentées par 164 revus à 16,5 ans de recul moyen, 137 décédés avec la prothèse en place et 44 échecs. Quatre-vingt-douze hanches ont été perdues de vue (21 %). Les 437 hanches sont prises en compte dans la composition des courbes de survie, les patients décédés et perdus de vue venant élargir l’intervalle de confiance à partir du moment où ils ont échappé au suivi.

En analyse de survie actuarielle, après avoir défini comme

Méthodologie

Les études cliniques et radiologiques portant sur les prothèses totales de hanche, avec un recul minimum de 15 ans restent rares. Notre étude n’échappe pas aux écueils des séries rétrospectives à long terme. En effet, nous déplorons lors de cette revue 137 décès (31,4 %) et 92 perdus de vue (21 %). Le nombre de perdus de vue, à 15 ans, reste dans la fourchette des études publiées.

L’objectif de cette série à 15 ans de recul était l’étude de la cupule de Bousquet ; l’homogénéité de la série le

Conclusions

Notre série historique est homogène. Il s’agit de la plus grande série avec le plus long recul pour ce concept prothétique. Elle permet d’étudier la longévité de cette cupule initiale de Bousquet et d’apporter des réponses aux questions concernant la double mobilité dans les arthroplasties totales de hanche de première intention. Le taux de survie à 15 ans était de 85,2 %, si l’on retient les échecs mécaniques. Ce taux n’est pas inférieur aux survies à long terme des autres implants et couples

Références (35)

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    Cotation chiffrée de la fonction de la hanche

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